de Carl Rogers

1  « Il semble bien possible qu’une des caractéristiques de la thérapie profonde ou valable soit que le client découvre qu’il n’est pas destructif d’admettre pleinement dans sa propre expérience les sentiments positifs qu’une autre personne (le thérapeute) éprouve à son égard. Peut-être une des raisons qui rendent cette expérience si difficile est qu’elle implique fondamentalement l’acceptation de cette idée : je suis digne qu’on m’aime. Nous étudierons ce point dans la section suivante. Pour l’instant, on peut relever dans la thérapie qu’elle est une libre et totale expérience d’une relation affective, expérience qui peut être exprimée en termes généraux comme suit : « Je peux permettre à quelqu’un d’éprouver de l’intérêt pour moi, et accepter intérieurement sans aucune réserve cet intérêt. Ceci me permet de reconnaître que moi aussi je m’intéresse, et que je m’intéresse profondément aux autres. » » – Carl Rogers, « Le développement de la personne » InterEditions, page 65

2  « L’attitude du thérapeute, en mettant les choses au mieux, est dépourvue de cet aspect de quiproquo de la plupart des expériences que nous nommons amour. C’est tout simplement le sentiment qui porte un être humain vers un autre, sentiment qui me parait encore plus fondamental que l’instinct sexuel ou le sentiment paternel ou maternel. C’est un intérêt pour autrui assez grand pour qu’on ne souhaite pas faire obstacle à son développement ou se servir de lui pour des fins égoïstes. Votre satisfaction vient du fait que vous l’avez libéré pour lui permettre de grandir à sa manière à lui« . Carl Rogers, Le Développement de la Personne, page 63.

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Principes fondamentaux – Rogers parle de son identité de thérapeute, extraits du « Développement de la Personne » :

Dans mes relations avec autrui, j’ai appris qu’il ne sert à rien, à long terme, d’agir comme si je n’étais pas ce que je suis. Mon intervention est plus efficace quand j’arrive à m’écouter et à m’accepter et que je peux être moi-même.

J’attache une valeur énorme au fait de pouvoir me permettre de comprendre une autre personne.

C’est pour moi un enrichissement que d’ouvrir des voies de communication qui permettent aux autres de me faire part de leurs sentiments et de leur univers tel qu’ils le perçoivent.

Il est toujours extrêmement enrichissant pour moi de pouvoir accepter une autre personne.

Plus je suis prêt à reconnaître ce qu’il y a de réel en moi et chez l’autre, moins j’ai le désir d’essayer à tout prix d’arranger les choses.

Je peux faire confiance à mon expérience. Une évaluation faite par autrui ne saurait me servir de guide. A mes yeux, l’expérience est l’autorité suprême.

J’ai du plaisir à discerner un ordre dans mon expérience. Les faits sont mes amis.

Ce qui est le plus personnel est aussi ce qu’il y a de plus général.

Mon expérience m’a montré que, fondamentalement, tous les hommes ont une orientation positive.

La vie, dans ce qu’elle a de meilleur, est un processus d’écoulement, de changement, où rien n’est fixe.

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Ce que produit la thérapie, apprentissage authentique qui produit un (des) changement(s) (p 189) :

la personne en vient à se voir elle-même de façon différente
– elle s’accepte et accepte ses sentiments plus totalement
– elle devient plus confiante en elle-même et plus autonome
– elle devient davantage la personne qu’elle aimerait être
– elle devient plus souple, moins rigide dans ses perceptions
– elle adopte des buts plus réalistes pour elle-même
– elle se conduit de façon plus mûre
– elle change ses conduites mal ajustées, même une conduite établie de longue date, telle que l’alcoolisme chronique
– elle devient plus acceptante des autres
– elle devient plus ouverte à l’évidence, à la fois pour ce qui se passe à l’extérieur d’elle-même et en elle-même
– elle change dans les caractéristiques personnelles profondes, selon des voies constructives